Chapitre 8 et Epilogue

.
.
Léa : 2040 – 2044

.
Jusqu'au dernier brin d'herbe.
.
Ici s’achève le journal des souvenirs de Léa.

Ce qui suit (et l'épilogue) a été rédigé par sa fille, âgée alors de 16 ans.

« Ma mère a été tuée dans un combat contre les soldats. Elle est morte en défendant la forêt où elle vivait pacifiquement. Son sang a rejoint la terre qu'elle aimait.

« Nous sommes en deuil, mais la guerre se poursuit. Des zones libres sont reprises par l’armée. Dans le même temps, des villes se soulèvent contre le gouvernement et rejoignent le camp des « sauvages ».

Il n'y aura pas d'armistice avec la civilisation. Elle poursuivra cette guerre tant qu’elle ne l’aura pas gagnée.
Il est dans les principes de la civilisation de vouloir régner sur la totalité de la planète, jusqu’au moindre brin d’herbe, quitte à détruire tout ce qui se dressera sur sa route, y compris ce dernier brin d’herbe...

La civilisation est une machine aveugle qui roule vers l'abîme : son but ultime, dont elle n'a pas conscience, est l’extinction de l’espèce humaine et de toute forme de vie.

Elle n’a pas encore gagné. Le dernier brin d'herbe est le plus résistant. Il détient en lui toute la force et l'énergie de la vie !
..
.
- Epilogue -
.
Suite du journal de la fille de Léa : 2044 - 20??
.
.
Quelques années plus tard.
.
Aujourd’hui, la forêt est enfin en paix. Les armes se sont tues.
.
Au loin, des nuages de cendres montent des villes abandonnées. Telle une énorme machine éventrée, gisant sur le flanc au terme de sa course, la civilisation a cessé d'asservir les êtres humains et la planète.
.
Une immense clameur de joie monte dans les coeurs. Partout dans le monde, d'un bout à l'autre de la planète, la paix se répand, les humains fraternisent.
.
Autour de nous, la nature resplendit de mille couleurs. La terre accueille avec joie la naissance de la « sylvilisation » !
.
Les feux des bivouacs s'allument pour la nuit. Tous ensemble nous allons dormir à la belle étoile.
.
Le chant de la forêt.
.
Au petit matin, je pars marcher seule à travers la forêt.
.
Une écharpe de brume flotte entre les arbres, des gouttes de rosée scintillent dans l'herbe, les oiseaux gazouillent en faisant leur toilette matinale, une brise légère caresse les feuillages...
.
Je m'arrête et je ferme les yeux pour mieux écouter. A travers les bruissements de la forêt qui s'éveille, je perçois une présence familière, qui vient jusqu'à moi...
.
Je reconnais sa voix dans mon oreille : le chant paisible et tendre de celle qui m’a donné la vie et l'amour de la liberté... Le chant de Léa.
..
Je sens sa main qui prend la mienne, tandis que nous marchons ensemble joyeusement dans les premiers rayons du jour nouveau.
.
.
.